La petite tribu du 01

J'ai commencé à faire le tri des affaires de bébé. Mettre de côté les bodies, chaussettes, pyjamas et autres indémodables en bon état, jeter ce qui est abimé, donner le reste. Aux copines qui en feront bon usage, à Emmaüs pour des personnes dans le besoin. Vendre le lit à barreaux et la commode à langer. Et j'ai commencé à pleurer. Beaucoup pleuré.

C'est bizarre de parler de deuil. Ce n'est pas que quelqu'un est mort. C'est juste que plus personne ne va naître. En tout cas dans notre famille et notre génération. Et même si c'est un choix mûrement réfléchi, ça fait aussi mal que de perdre quelqu'un.

Oh je sais! On a cinq enfants en parfaite santé, beaucoup plus que la moyenne en France. Et on a la chance d'avoir des filles ET un garçon. Mais je m'étais toujours vu avec six enfants. Et j'aurais aimé donner un deuxième fils à Zhom.

La vie en a décidé autrement. Je m'étais fixée des limites: plus d'enfants après 30 ans pour en profiter puis passer à autre chose que les couches, pas plus de deux ans et demi d'écart entre deux (d'une part pour qu'ils puissent jouer ensemble, d'autre part pour ne pas perdre le rythme des couches et nuits blanches car je n'imagine que trop bien comme cela doit être dur de s'y remettre quand on a réappris ce qu'était une nuit complète). Les deux limites sont atteintes: j'aurai 30 ans cet été, et Tétine aura 2 ans à la même période.

Alors je me dis que je vais commencer à avoir du temps pour moi, que je vais pourvoir reprendre le travail, peut-être même mes études, que je vais profiter pleinement de mes enfants qui grandissent. Et puis il y a aussi la situation actuelle: l'austérité économique qui se fait de plus en plus sentir, la menace qui plane sur les allocations familiales...

Mais il y aura toujours dans mon coeur cette petite place vide. Qui aurait du être comblée depuis Noël dernier...